Après des adieux déchirants des 2 femmes qu'il connaissaient et tenait à protéger, le noir s'installa et comme au théâtre et un certain brouhaha monta. Il ne s'agissait malheureusement pas d'applaudissements mais plutôt d'une agitation frénétique de quelques acteurs pour quitter la scène et ainsi échapper à l'antagoniste de la pièce qui se jouait. Raphael, auteur principal de l'élément déclencheur et donc logiquement impliqué dans le climax final, ne pouvait décemment pas se soustraire au regard du public. L'acte trois allait se jouer dans cette tragédie qui, malgré quelques habiles manœuvres pour brouiller les pistes dans les dialogues, risquait d'aboutir à son incarcération.

C'est à ce même moment précis qu'un deus ex-machina fît son apparition en la personne des zombies, annoncés en grande pompe par un policier visiblement plus apeuré que pédagogue. Le commandant et toute l'assemblée se retrouva confronté à la nouvelle qui redistribua totalement le jeu. Jack griffin, logiquement en position de domination, édicta très professionnellement ses ordres et demanda à ses hommes de lutter contre la menace tout en intimant aux locaux de faire preuve de silence après avoir monté une barricade. Cet élan de protectionnisme surprît le capitaine qui fût alors forcer de revoir son jugement sur le fond de cet homme. Certes il était bourru, hargneux et borné mais ne semblait pas tant enclin au génocide que ses paroles l'avaient indiqué. De plus, sa solution avait le mérite de protéger une partie des civils. Raph possédait son arme dans un étui de port discret mais savait qu'elle lui serait inutile dans pareille situation tandis que ses capacités stratégiques pouvaient être bien plus salvatrices. Il ignorait par contre si le commandant allait lui laisser une part plus importante de l'action, notamment pour retrouver Susana, Max et les autres compagnons d'infortune.

Certains avaient commencés à vouloir participer à la construction défensive et, pour montrer l'exemple, le biologiste s'empressa de scanner la pièce pour trouver tous les matériaux utilisables tout en prenant la parole d'une même voix autoritaire.

"Le Commandant à raison. Il faut monter une barricade de fortune avec du matériel qui permette d'occulter la vision! Les "cadavériques" ont une vision humaine qui est plus que sensible au mouvement. Les volets doivent être fermés et les fenêtres nues doivent être renforcées par un empilement de chaises et tables jusqu'à hauteur de visage. Une fois à l'abri des regards il faudra basculer tout le mobilier restant pour s'y cacher derrière et ne pas attirer l'attention par le bruit ou les gestes.".

En préambule, saluer l'action de Griffin pouvait lui permettre de récupérer de sa sympathie ou du moins lui montrer une pleine coopération future. Le terme de cadavérique, moins fort que mort, avait lui pour but d'amoindrir le choc des autres présents.
Il laissa la plupart se concentrer sur les éléments moins lourds tandis que lui cibla une assez large armoire remplie de bouteille qu'il entreprit de déplacer avec sa carrure sportive. Il appuya son épaule contre la largeur et poussa pour la faire glisser jusqu'à une ouverture au verre décoratif et logiquement jamais occultée. Sa force était largement suffisante pour la manœuvre mais le poids lui demanda un effort qui lui rappela immédiatement qu'il était malade. Seul son cerveau allait donc pouvoir aider les personnes bloqués à l'extérieur. Lorsqu'il termina son entreprise à grand renfort de sueur et de toux grasse, il repositionna la plupart des bouteilles dans les rayonnages bas pour descendre le centre de gravité de sa structure et la perfectionna même d'une chaise en bascule contre l'une des étagères. Il retourna alors vers le commandant et s'adressa à lui en se couvrant la bouche.

"Je m'excuse pour mon geste à votre encontre. Il fallait que je capte votre attention pour tenter de trouver une alternative plus pacifiste.
Mais ici on a un problème plus gros à gérer qu'une guerre d'égo. Ma toux ne me permettra pas de faire silence complet. Permettez moi d'agir à l'extérieur avec vos hommes pour que je leur communique mes connaissances sur le fonctionnement éthologique des infectés et qu'on parvienne à détourner la vague. Je connais bien ce phénomène et lutte quotidiennement contre. Leur progression sera rectiligne tant qu'ils s'émulent eux-mêmes par leur râle incessant. Nous devons les disperser par des attaques latérales pour briser cette cohésion et freiner voire stopper leur progression en ville. Je vous en prie. Il y a encore trop de civils à l'extérieur."


Une quinte de toux l'obligea à stopper sa prise de parole. Bouche bien lotie dans son coude, le cuir de son blouson fermait hermétiquement tous les miasmes éventuels. IL se retourna à nouveau vers son homologue, le front dégoulinant de sueur.

"S'il le faut je reviendrais me constituer prisonnier à la suite de l'évènement . Je sais que ce n'est qu'un rhume maisil serait quand même plus judicieux de le soigner correctement en institut que par un simple grog."

Pour la première fois, un petit sourire s'afficha sur son visage fermé, preuve s'il en est qu'il était rompu à ce genre de situation catastrophe.

Sonnée, passablement affolée, Shea sentit l’angoisse monter lorsque les menottes lui furent passées aux poignets. Personne ne pouvait se trouver à son aise dans cette position, encore moins avec un flic tâtonnant sa silhouette en essayant de trouver quelque chose d’autre à lui reprocher. Elle encore moins. Le cœur en nœud, elle tenta de faire abstraction de ces paumes parcourant sa taille et d’oublier la douleur qui lui dévorait l’œil. Un vague instant d’attention en arrière lui permit de comprendre que les forces de l’ordre ramenaient sa grande sœur vers l’intérieur du bar. Une chance ! Surtout vu la suite qui se préparait, n’est-ce pas ? Loin de pouvoir être dégourdi avec les deux mains ramenées dans le dos, la petite brune se trémoussa au sol en essayant de comprendre le pourquoi du comment de cette agitation soudaine.

Le sang quitta alors son visage, dès l’instant où elle se redressa sensiblement en comprenant ce qu’il se passait. Le bruit du bar et de l’intervention des forces de l’ordre avait attiré les infectés dans leur direction. Et l’idée de refaire connaissance avec l’un d’entre eux ne lui donnait étrangement pas du tout envie ! Se tortillant, la brune essaya bon gré mal gré de se remettre debout lorsqu’enfin, le poids de l’homme quitta son dos. Occupé au autre chose de largement plus urgent qu’une gamine en pleine rébellion contre la société et le monde en général, elle fut presque en tête à tête avec Anton et le bitume un bref instant. Lui l’aida à se remettre debout, elle, l’air hagard, cherchait déjà où était la menace :

« Ils t’ont tiré dessus ! » Hoqueta-t-elle choquée qu’il puisse penser actuellement à autre chose qu’à ça : « Et les autres ? Qu’est-ce qu’ils vont faire ! »

Ça n’était cependant pas le moment de perdre tous ses moyens, elle le savait. Bien qu’à l’abri dans le hall d’un immeuble de fortune, elle savait que la situation ne serait pas si facile. Pas avec un homme blessé qu’elle maintint d’une épaule avant de lui demander quelques minutes. Le temps de faire passer ses mains sous ses fesses en se ruinant les poignets et en manquant de se démettre le pouce.

« Il faut t’amener à l’hopital. » Anticipa-t-elle. « Ma sœur a une voiture, elle pourrait… » Se stoppant, elle soupira. « Non, elle ne peut pas sortir elle non plus. » Tirant son écharpe, elle la confia à Anton : « Le temps de pouvoir trouver mieux… » Fit-elle en soupirant. Elle adorait cette écharpe, mais ça ferait un bandage de fortune acceptable.

Kenny avait raison : mieux valait ne surtout pas rester dans le coin. Finir dans un de ces centres serait la pire idée du monde, surtout pour elle. Mais laisser les autres y terminer après une simple sortie en soirée lui donnait envie de vomir tant elle se sentait coupable de ce qui arrivait. Talonnant Kenny, la brune se jura de tout faire pour essayer de changer la donne, même si ça impliquait travailler d’arrachepied pour découvrir un vaccin, au moins quelque chose s’en approchant… La gorge nouée, Suzie eut l’impression d’avoir du mal à respirer. Figée dans la ruelle, parquée derrière une benne à ordures, elle scruta l’homme devant elle lorsque celui-ci lui intima de garder le silence.

Se redressant légèrement, elle chercha à comprendre pourquoi. Les grognements perceptibles furent une très bonne réponse à sa demande. Hochant la tête, elle répéta le signe pour Lupe derrière elle, lui faisant un signe de la tête pour lui expliquer que des infectés n’étaient pas très loin. Mieux valait faire au mieux et au plus vite. Kenny ouvrit la voie, prenant l’initiative d’être silencieux et de se rendre vers une zone qui semblait parfaitement dégagé. Pour l’instant ! Si ça les éloignait momentanément du véhicule de Lupe, le détour était plus que nécessaire.

Talonnant l’homme, elle se baissa à son tour en essayant d’être discrète. La main de sa sœur dans la sienne pour ne pas la lâcher, elle jeta un coup d’œil en arrière pour voir si les morts restaient bien au bon endroit. Mais son pied heurta une bouteille de bière vide, qui roula sur quelques mètres avant de rencontrer le mur le plus proche. Le fracas du verre lui donna l’impression de trouver un écho monstrueux dans la ruelle… ça n’était que sa perception des choses, mais ce fut assez pour attirer l’attention des infectés les plus proches d’eux…

« Dios mio… » Murmura-t-elle, avec l’impression d’avoir mis le pied dans un piège à loup.

Lupe se redressa, et sans attendre l’approbation de Kenneth, traîna sa sœur derrière elle en pressant l’allure. Marcher n’était plus une option, ramper encore moins… Il fallait impérativement mettre de la distance entre eux et les quelques infectés sur leur piste.

Après un bref remerciement oral accompagné d'un hochement de tête, Raphael profita du temps de parole qui lui restait avant d'attirer l'attention sur lui pour s'entretenir avec l'un des gardes resté avec eux pour lui emprunter sa radio et connaître les indicatifs des équipes sur le terrain. Il était très malade et cela se voyait de plus en plus. Pourtant, sa posture très digne et sa voix enrouée mais autoritaire lui donnait toute légitimité lorsqu'il prît la parole sur les ondes.

"Priorité ! A toutes les unités du Capitaine Lucian!"

Le français articula tous ses mots afin que ni les parasites ni sa gorge douloureuse ne puisse biaiser son discours.

"En suppléance du Commandant Griffin, j'ai la charge de la stratégie à développer. Nous devons rompre leur progression linéaire en créant de nombreuses diversions. Leur avancée est similaire à celle de manifestants lambda à défaut qu'ils ne suivent pas un parcours mais leur propre bruit et la direction des murs principaux. Comme pour toute personne, il est plus couteux de changer de direction que de faire un simple pas après l'autre en suivant une cohorte. Avec un peu de discipline nous en viendrons rapidement à bout. Je rappelle qu'il faut absolument éviter tout contact physique et privilégier le tir à la tête."


Il était rare d'entendre un officier expliquer une situation aux soldats mais si lui dérogea à la règle, c'était pour leur éviter la panique d'affronter une situation nouvelle. Peu de policiers étaient rompus aux combats atypiques. En faisant un comparatif avec des hooligans, il espérait aussi rassurer et leur donner un référentiel connu moins anxiogène.
Après une longue inspiration et une toux incontrôlable, le gradé entreprît de dispenser les ordres.

"Interdiction formelle d'utiliser les grenades fumigènes! Le repère visuel doit être conservé.
TV120 vous êtes en front. Utilisez vos grenades de désencerclement pour perturber la tête de cortège. Vous seul pourrez utiliser une seule bombe fumigène pour marquer la position critique. L'absence de vent devrait ne pas trop disperser la fumée qui montera en colonne. Tous les véhicules doivent barrer la route principale pour filtrer et désépaissir les rangs. Charge à vous de positionner le plus d'obstacles sur la route.
TV200 et TV180 allez quitter la rue principale pour progresser dans les rues parallèles. Faites le plus de bruit possible. Votre mission est de contourner la masse et attirer l'attention à vous.
TV230 et TV260, vous êtes en second rideau. Vous devez interpelez oralement toute silhouette arrivant dans votre direction. Assurez-vous de donner des directives claires pour qu'un civil soit à même de répondre à vos indications gestuelles et trouver refuge vers vous le cas échant. Par la suite il faut faudra vous éloigner de l'épicentre pour mettre en sécurité la population rencontrée.
Enfin, a tous les renforts, signalez-vous sur les ondes. Trouvez une position haute à une centaine de mètres de la notre et préparez-vous à tirer. Ce sera vous qui nous sortirez de là. Bonne chance à tous."


Lorsqu'il termina, les belligérants étaient à portée. Le capitaine attrapa un verre et un torchon sur le comptoir puis alla s'accroupir derrière sa barricade de fortune pour ne plus être visible de l’extérieur. Conscient de devoir être le plus discret possible et connaissant assez bien les techniques utilisées dans les "planques" pour rester silencieux tout en écoutant les ondes, il s'enfourna le torchon dans la bouche pour étouffer une toux éventuelle, diminua drastiquement le volume de la radio jusqu'à un point imperceptible et colla le culot du verre contre le haut parleur quasi muet tout en collant son oreille droite à l'autre extrémité. Le verre captait bien le peu de vibrations restantes et la forme tubulaire les amplifiait sans les disperser.
Il transpirait abondamment et affichait une fatigue préoccupante. Ce n'était pourtant pas la peur qui lui drainait son énergie mais bien tous les efforts à faire pour rester discret malgré son état :
Il devait à la fois lutter contre l'envie de tousser en contrôlant son diaphragme, respirer à travers les fibres du tissu à cause de son nez bouché et bien plaquer son oreille pour entendre malgré la déformation de fréquence du son de son système ingénieux.
Pourtant, il parvenait à se faire oublier. Son stratagème semblait payant et alors que les premiers infectés arrivaient à hauteur de la fenêtre.

Mes yeux se fermaient un peu tout seuls, pourtant il faut résister, dans mon état ce serait dangereux de dormir. Les risques que je ne me réveille pas sont réels et j’ai envie de me réveiller demain, étrangement. Il faut dire aussi que la population manifestant dehors n’est pas spécialement du genre rassurant. Je ne leur confierais pas ma vie personnellement. A côté de moi, Shea s’agite… Ce con de flic ne lui a pas retiré ses menottes, il comptait vraiment qu’elle se fasse bouffer ma parole !

Je le retrouverais !

Un élan de colère me saisit, cependant je ne peux pas perdre mon calme, j’ai un devoir envers elle et je me dois de rester calme. Pour commencer, la rassurer et ensuite la libérer :

- Ils ne m’ont pas tiré dessus, j’ai juste été taser et assez con pour retirer les électrodes. Rien de grave je te rassure. Merci pour l’écharpe, elle va bien me servir. Attends, donne-moi tes mains. J’ai des clefs de menottes. Par contre, parles à voix basse, ils se repèrent aux sons. Enfin, c’est comme ça qu’ils réagissaient ce soir là.

Je fouille une de mes poches et ressort le petit sésame en acier. Heureusement pour elle que j’ai toujours un double sur moi et que le modèle de la police soit en vente libre. Elle se retrouve enfin libre de ses mouvements et de m’aider.

- Je saigne pas mal à l’épaule, on va commencer par ça. Désolé de l’infliger ça mais tu vas devoir m’aider à faire un pansement.

Je retire ma veste et entreprends de déchirer la doublure. Une fois que j’ai une masse de tissu suffisante, je la plie soigneusement et je la plaque sur la plaie de mon épaule.

- Ok, tu prends l’écharpe, tu l’as pose sur le pansement en appuiant de toutes tes forces. Ensuite tu passes derrière mon épaule, puis sous mon bras. Après fait le tour de mon torse, toujours en serrant le plus fort possible.

Ce n’est pas spécialement agréable, voir même très douloureux par moment. Je finis par lâcher un grognement très significatif, bruyant.

Trop bruyant.

L’espace d’une seconde, gémissements et ombres se rapprochent de la porte jusqu’à s’arrêter devant. Je me fige, Shea aussi. Le temps d’un battement de cœur ou d’une éternité, impossible de me souvenir, j’ai eu peur pour ma vie et pour celle de la petite.
Des coups de feu rugissent au loin.

A la gloire d’un dieu quelconque, les ombres partent en direction de la bataille rangée. Inconsciemment, ma main glisse dans celle de Shea et je la lui serre :

- Les policiers sont lourdement équipés, tout ira bien, ils vont supprimer ces saloperies et au pire, les attirer sur eux, laissant les autres se cacher ou s’enfuir. Ne te fais pas de soucis pour eux, occupes toi de ton visage d’abord. Tu as pris un sacré coup.

Il me reste le saignement à la hanche et une sacrée douleur à la jambe, mais je survivrais comme je pourrais. Par contre Shea semblait sacrément arrangée, un gonflement inquiétant venait gâter son minois délicat.

- Laisse-moi voir, il se pourrait que tu ais quelque chose de cassé.

En l’examinant, j’essaye de détourner l’attention :

- Tu étais avec quelqu’un d’important ce soir ? Tu as pu le/ la contacter ? On ira la chercher dès que possible, je te le promet.

Les coups de feu. La main d’Anton dans la sienne. L’impression que le temps se suspendait. La douleur lui dévorait l’œil, une partie de la mâchoire avec. Elle avait du mal à se concentrer, surtout avec l’impression que quelque chose compressait son visage douloureusement. Après avoir pris soin d’Anton – et sacrifier son écharpe au passage – la brune esquissa une grimace de souffrance alors qu’elle passa timidement la main sur sa joue. Ce fut comme se presser un fer chaud sur la peau, nul doute qu’on lui avait fracturé la pommette avec ça. Shea n’osait même pas imaginé le gonflement de son œil, ou la tête qu’elle devait avoir. Le cœur gros, l’impression d’être défiguré, ou qu’une partie de sa peau était en train de couler, elle renifla un peu de sang avant d’éponger dans sa manche :

« Je suis avec ma sœur, mais elle a été ramenée à l’intérieur du bâtiment… » Assura-t-elle.

Instinctivement, elle tapota contre les poches de son pantalon pour essayer de trouver son téléphone. Ce dernier avait du tomber lorsqu’elle avait été menottée… Pas de chance. Joindre Christa n’était pas forcément une bonne idée de toute façon, surtout maintenant qu’elle percevait les grognements à l’extérieur. La proximité avec le bar impliquait que le moindre bruit – une sonnerie, une quinte de toux – attirerait les morts jusqu’à eux. Certes, ils étaient plus à l’abri qu’eux dans ce hall à moitié cachés, mais quand même ! Ils devaient rester calmes, silencieux, concentrés…

« Nan, c’est ri-AH ! » Un cri lui échappa quand Anton pressa contre sa pommette en essayant de trouver la fracture. Elle ne put même pas le retenir, elle eut tout simplement l’impression que son œil allait éclater. Shea fut presque propulsée hors de cette situation périlleuse, oubliant où elle se trouvait : « Pourquoi tu-… »

Anton plaqua sa main sur sa bouche pour qu’elle se taise. Et alors qu’elle le fixait avec son air fâché qu’il lui fasse du mal, elle réalisa : quelle idiote ! Elle se maudit intérieurement, le souffle suspendu. D’autant plus quand un crissement contre la vitre de la porte la fit frémir d’horreur.

« J’suis désolée. » Murmura-t-elle maladroitement, en guettant en arrière. Une porte menant aux sous-sols de l’immeuble. Elle la désigna à Anton.

La porte tremble sous l’assaut d’une ombre. Je ne pensais pas que le visage de Shea serait aussi douloureux, elle a un sacré gonflement. Mais a priori, rien de cassé. C’est déjà ça, elle aurait besoin de se faire examiner par un médecin néanmoins. Son petit cri, que je n’avais pas pu contenir, avait attiré l’attention d’un de ses monstres. Ma main sur sa bouche et nos regards l’un dans l’autre, je comprends que je viens de lui faire très mal et qu’elle n’est pas contente du tout.

Moi non plus je ne suis pas content.

Si un de ses trucs s’acharne sur la porte, un autre va avoir la même idée, puis un autre et encore un autre. On devait bouger, vite et en silence. Elle me montre un encadrement au fond du hall, une issue ?

- Ok, on y va.

Je me lève péniblement et je passe par la porte, Shea me colle comme mon ombre. La porte que nous avons prise semble mener vers les caves, ce n’aurait pas été mon choix principal mais il est trop tard pour faire demi-tour. Doucement je referme la porte derrière nous et j’allume la lumière. J’ignore si ces trucs sont attirés par ça, mais c’est un risque que je suis prêt à prendre.

- Avance, il faut se cacher.

Prudemment on descend l’escalier en brique, avec des murs et un plafond en brique, ça me rappelle
le pays tout ça. Les petites maisons du nord de la France, par la barbe de chuck ma nation me manque là tout de suite. La cave est typique de ce genre d’immeubles, longue, basse de plafond, le tout divisé en petit box en brique, fermés par une légère porte en bois. Un bruit de bois et de verre brisé se fait entendre depuis le hall.
Ils sont entrés.

On se regarde, un air un peu paniqué sur le visage.

- Faut qu’on trouve de quoi se défendre, une barre à mine, un marteau, une scie, une tondeuse à gazon ! n’importe quoi ! Regarde dans les box de gauche, moi à droite. Si tu trouves un truc qui te semble utile, préviens-moi, d’accord ?

Certains box étaient ouverts, d’autres fermés avec des cadenas ou des chaines. Le premier ne contenait que des vêtements, de la vaiselle et des vieux meubles. Le second était solidement fermé, le troisième bloqué par une simple chaine laissait entrevoir des outils. Ça pourrait faire l’affaire, mais il faudrait forcer la porte, ça ferait faire du bruit.

- Shea, tu as quelques chose ?