All apologies

ft. Max && Tyler

Des démons. Encore des démons. Où était passé le Tyler souriant ? Que s’était-il passé dans mon esprit pour que la noirceur me regagne ? Je le savais pertinemment. Cette nuit où Hannah et moi étions coincés dans la dépanneuse… C’est un peu comme reprendre une dose de crack après des mois d’abstinences. Que dis-je, des années. Ce crack, c’est un espoir. Et comme la lumière n’arrive jamais sans son ombre… Puis cette soirée d’anniversaire au bar m’a réconcilié avec un vieux péché. Je ne veux pas m’égarer de nouveau sur cette voie. Il me faut raisonner, cette fois. Pour Hannah et pour Dean. J’ai besoin d’aide. Et je ne compte pas attendre d’être au fond du gouffre pour réagir cette fois. A peine la journée de travail finit, je file chez moi prendre une douche rapide, j’enfile des fringues à l’arraches, du style chemise à carreaux et un bon vieux jean des familles. Je rejoins assez vite mon pick-up et roule vers le quartier sud. Peu importe le couvre-feu, il ne m’a pas empêché de griller la stabilité dans laquelle j’étais avec Hannah. Comment peut-il me sauver la vie ? En m’empêchant de chopper une grippe un peu plus virulente ? Je ne suis pas une personne sans défense immunitaire. Je suis plutôt solide.

Rien ne vaut une visite à Max pour essayer de ne pas péter tous les efforts que j’ai pu faire jusqu’ici. Elle est mon amie, et rien que la voir me fait le plus grand bien. Je rectifie. Elle est ma meilleure amie. Retirez là, et c’est mon apocalypse personnelle. Je fais une halte dans un genre starbuck indépendant, bien meilleur, et bien moins cher. Et en prime, ils savent écrire les prénoms. Je prends deux cappuccinos. Il ne faudrait pas que l’on soit trop énervé. La soirée va montrer le bout de son nez.

Je grimpe dans mon véhicule, muni de mes boissons que je cale côté passager et reprends ma route. Je m’arrête à proximité de son lieu de vie. Et gagne la porte de son appartement assez rapidement, pour éviter que les cafés ne refroidissent trop vite. Je frappe, espérant ne pas tomber sur sa coloc’ mais bien sur Max. C’est elle que je viens voir après tout. Je crois qu’elle va avoir des questions à me poser. La dernière fois que nous nous sommes vus, je buvais de l’alcool à cette soirée. Puisse-t-elle ne pas trop m’en vouloir… J’aurai dû y penser avant et préparer mes réponses. Je me racle la gorge et m’entraîne à mon discours : « Ecoute, Max, je sais qu’on s’est pas revu depuis l’anniversaire de ce bar et franchement… Je tiens à m’excuser… J’imagine que ça ne doit pas être terrible de me revoir dans cet état après des années sans boire une seule goutte… J’ai merdé et… Enfin tu vois… Pardon… » je réfléchis un instant et me dit « Non c’est pourri… Euh… Hey ! Coucou ! ça va ? … Trop tonique. » Je soupire et désespère de ne même pas trouver les mots pour me justifier auprès de ma meilleure amie… J’imagine même pas si Hannah a eu vent de ce qu’il s’est passé et ça me démoralise encore plus.

All apologies

Tyler & Max

Épuisée la policière se laisse tomber tout habillée dans son canapé à peine le pas de sa porte franchit. Ses journées sont de plus en plus longues et ses nuits bien souvent trop courtes. Et quand par miracle elle a la possibilité d’avoir la journée du lendemain de libre elle se fait hanté par de vieux cauchemars et ne ferme même pas l’oeil de la nuit. Après un temps totalement flou, elle ouvre les yeux après avoir entendu des coups frappés. Le temps de quelques secondes, qu’elle émerge et restitue l’endroit où elle se trouve elle réalise qu’elle est chez elle et que le son qui vient de la réveiller n’est autre que sa porte d’entrée. Quelques secondes supplémentaires lui sont nécessaires pour se remettre sur ses pieds et c'est en se frottant les yeux qu’elle se dirige vers la vieille porte en bois. Heather n'est pas là. Elle n’est toujours pas rentré de l’hôpital mais ça ne saurait tarder. Elle a hâte de la retrouver et de la revoir tous les jours. Son absence cause un énorme vide dans l’appartement et sa vie qu’elle commence à ne plus supporter. Un coup d’œil par le judas lui annonce qu’il s’agit de Tyler qui semble se parler à lui même. La main sur la poignée, la brune finit par ouvrir pour jeter un mauvais oeil à son ami. Meilleur ami même. Sauf que la première chose qu’elle avait envie de faire ce n’était pas de lui sauter dans les bras. — Tu parles tout seul? Les effets de l’alcool?, balança-t-elle froidement. Un peu trop à son goût car immédiatement la culpabilité lui noua le ventre. Le bougre avait déjà l’air coupable et en plus de ça il n’était pas venu les mains vides. Soupirant en passant une main sur son virage Max s’écarta légèrement du seuil pour lui laisser la place de rentrer. — Désolé, je voulais pas dire ça. Ça me fait plaisir que tu sois venu.

La policière s’avança déjà vers son canapé lui laissant l’espace de rentrer, fermer la porte et se joindre à elle dans son salon. L’endroit n’était ni sale ni impeccable. Il avait juste l’air inhabituellement inhabité. — Tu veux grignoter un truc ? Je dois avoir des biscuits ou ce genre de conneries, elle annonce en se dirigeant déjà dans la cuisine sans attendre la réponse de son ami. Moins d’une minute plus tard et après avoir ouvert 3 placards, elle revient avec une boîte de donuts au sucre. Le grand classique chez elle. — Si tu as faim au pire on peut commander un truc. Max s’assit à côté de son ami ou plutôt contre lui. Elle posa sa tête sur son épaule avant de laisser un autre soupir franchit ses lèvres. — Ça fait longtemps, désolé de ne pas avoir donné ou pris plus de nouvelles… comment tu vas ? La brune n’avait pas voulu délaisser son ami. Seulement elle ne voyait pas le bout de ses journées et encore moins de ses semaines. Elle ne savait presque plus quel jour on était à force d’aller pratiquement tous les jours au poste ou en interventions. Elle était tout simplement épuisée. — Tu m’expliques un peu ce que j’ai vu au bar ? Même si elle voulait des nouvelles de Tyler, c'était surtout ça qui la travaillait à son sujet. Fâchée, oui elle l’était mais elle attendait des explications de la part de son amie avant de se mettre en colère contre lui.

L’accueil est plutôt direct et me coupe dans mon élan. Max, qui a ouvert, va directement au but, me faisant un reproche sur l’autre soir. Je reste bouche bée. Le reproche tombe comme une lame sur mon cou, m’achevant sur le coup et ôtant ma tête du reste de mon corps. Elle change de ton aussitôt, s’excusant au passage, mais c’est déjà trop tard. Mon regard dévie vers le bas, fuyant le sien. « Ne t’excuse pas, Max. J’ai merdé, je le sais. C’est aussi pour ça que je suis là… Je suis venu te présenter mes excuses… » Je remarque qu’elle s’était reculé. Je m’avance en lui tendant les cafés dans ma main. Elle demande si je veux grignoter. Comment lui dire que je n’ai pas vraiment faim, surtout après m’être torturé à imaginer à subir son courroux ? Je n’ai pas le temps de répondre qu’elle reprend déjà la route de la cuisine, et annonçant l’idée de commander. Je m’étais installé sur le canapé. Elle revient tout contre moi, pour me demander comment je vais. Je hausse les épaules.

Je suis d’ordinaire très bavard, mais là, j’ai beaucoup trop sur le cœur pour garder mon moral aussi haut que d’habitude. Ce mouvement n’est clairement pas suffisant pour elle. Elle réitère sur le sujet du bar. Autant lui expliquer dés maintenant. « Je… J’en sais rien… Trop de monde. Et surtout, je venais de me prendre un rateau d’Hannah. Et après ce qu’on a vécu récemment, ce n’était sans doute pas le moment. » Je soupire et attrape mon café pour y tremper mes lèvres, comme si je cherchais des forces pour affronter mes propres souvenirs. « Elle est tombé en panne l’autre soir. Je ne savais pas que c’était elle. J’ai bravé le couvre-feu pour aller la dépanner, mais Matt a oublié de faire le plein de la dépanneuse. Je suis tombé en rade. On a passé la nuit dans le cockpit de mon véhicule et… On s’est embrassé. » Je ravale ma salive. Ça c’était la partie plaisante. Ce que je ne dis pas est bien plus embarrassant.

« En fait, je l’ai embrassé. Alors qu’en ce moment, on essaye de trouver un équilibre dans notre relation. On essaye de se réconcilier pour que je puisse passer du temps avec mon fils. Résultat des courses, je n’ai juste plus de nouvelle d’elle. Et je l’avais invité à venir avec moi à cette soirée… Et même Matthew est redevenu invisible. Je ne sais même pas s’il va bien, tant je n’ai plus de signe de vie de sa part. Il ne vient plus travailler. Et la seule chose qui me dit qu’il est encore en vie, c’est que son téléphone sonne jusqu’au répondeur. Il prend le temps de le recharger. Et vu que j’essaye de vivre ma vie et de le laisser vivre la sienne, je ne veux pas paniquer. Mais rompre tout contacts avec mon frère aussi vite, c’est difficile. Il est la seule famille qu’il me reste avec mon fils, à en juger le comportement d’Hannah. » Tout ce poids sur mon cœur… Ce n’est pas facile de trouver les mots pour expliquer comment je vais et ce qui m’a poussé à boire ce soir-là. Et ce n’est pas tant libérateur que ça, contrairement à ce qu’on dit. Se remémorer tout ça, mettre de l’ordre dans ses pensées, c’est même destructeur à mes yeux.

Je me sens si vide et las de ce qui m’arrive. Ou plutôt de ce qu’il ne m’arrive pas. Je suis arrivé à un point de rupture. Mais penser que l’alcool m’aide à soulager tout ça a été une erreur. Ce vieux démon m’a juste dégoûté encore plus et me conforte dans l’idée qu’il faut que j’arrête une bonne fois pour toute. « Et toi, alors? Comment vas-tu? »

All apologies

Tyler & Max

Passant une main sur son visage Max soupire. — Si si, je m’excuse Tyler. Et j’accepte les tiennes. . S”il y avait bien une personne avec qui elle ne voulait pas entrer en guerre, c’était bien lui. Ces dernières semaines étaient compliqués et difficiles pour elle. Max avait peu de temps pour elle et quand enfin elle en avait, elle fonçait chez son père pour profiter de lui mais aussi s’assurer qu’il n’attraperait pas la grippe. Et tous le reste était mis de côté. Et elle s’en voulu de ne pas avoir vu plus souvent Tyler. Elle aurait peut-être appris la raison qui l’a pousser à boire ce soir-là, et surtout l’aurait sûrement aider à ne pas céder à cette tentation là. Enfin bref, pour l’instant, elle le laisse simplement entrer et prennent les cafés qu’il tend. Max les dépose sur sa table basse et par rapidement faire un tour dans sa cuisine pour trouver quelque chose à se mettre sous la dent, au cas ou. Toujours dans l’idée de se faire pardonner la rudesse de son accueil, la policière se colle contre son ami pour lui signifier qu’elle n’est pas si fâchée que ça. Elle aimerait des explications et face à son haussement d’épaule, elle insiste.

Lorsque sa langue se délie légèrement, elle se redresse pour le regarder.— Un rateau d’Hannah ? Genre encore elle avait envie de demander mais se tait à la place. Il prend une gorgée de café et même si la curiosité tiraille la brune, elle lui laisse le temps de trouver ses mots. Ce qu’il a à lui dire est certainement trop important pour être prit à la légère, alors elle lui donne tout le temps dont il a besoin pour organiser ses pensées. Max écoute la suite et bien qu’elle reconnaisse le comportement irréfléchi de Matt elle a dû mal à comprendre la suite des propos. Embrassé ? — Genre, vraiment ? Max ne comprenait plus trop la situation entre Tyler et son ex. Il avait besoin d’une bonne entente avec elle pour pouvoir voir son fils en toute tranquillité. Il avait fait des erreurs, mais c’était un homme bon qui tâchait de les réparés. Son ex, Hannah de son petit nom, avait refait sa vie et ne souhaitait nullement que Tyler revienne dans la vie de son fils… Alors pourquoi c’étaient-ils embrassés ?

Puis, d’un coup. Le voilà qu’il relâche tout. Il balance tout ce qu’il a sur le coeur, passant d’Hannah, à son frère, à son fils. Elle a presque envie de le stopper car elle reçoit trop d’informations mais elle se contente de bien prendre note de tout ce qu’il vient de dire. Une fois qu’il semble avoir terminé, Max pose une main réconfortante sur son épaule. — Je suis désolé de ne pas avoir été là avant que tu en arrives là. Concernant Hannah, je peux pas trop t’aider. Même en étant moi-même une femme, j’ai aucune idée de ce qui peut se passer dans leur tête. , elle plaisante doucement. Elle n’a jamais été élevé comme une petite fille quelconque. Max à toujours traîner dans le garage de son père, à faire les même choses que lui; Comme exemple feminin, y’a mieux. — Mais si je me trompe pas, elle est avec quelqu’un. Même si toi tu as des sentiments pour elle.. et même si elle en a encore, tu ferais mieux de te méfier. De les laisser de côté et de ne penser qu’à ton fils. Elle a encore le pouvoir de t’en éloigner alors ne fait pas de bêtises. La policière craignait que ce genre de chose ne retombe entièrement sur la personne de Tyler. C’était tellement plus simple.

— Ensuite, ton frère est ce qu’il est. Il a toujours été comme ça. Laisse lui le temps de revenir, d’accord ?, elle lui adresse un petit sourire encourageant. Son frère était de véritable montagnes russe. Il était au creu de la pente, c’est tout. Il finirait bien par réapparaître. — En tout cas c’est pas une raison pour renouer avec l’alcool…. Je sais que c’est facile à dire, mais si tu te sens sur le point de craquer, appel moi. Même au milieu de la nuit. Genre, c’est pas comme si je dormais ces temps-ci., elle réplique sur le ton de la plaisanterie. — Moi, comment je vais ? Epuisée je dirais. Je commence à en avoir marre de cette situation. Je n’ai le temps pour rien d’autre que dormir, manger et voir papa. Le reste du temps je suis constamment sollicité par le central et.. ça commence à me rendre dingue. Cela faisait des mois que cette situation durait. Le mental commençait à être atteint par tout ce stress. — En plus de ça, ma collocataire est à l’hôpital, cela fait un bon moment et je dois dire que je me sens un peu seule ici sans elle. La brune laisse un gros soupire lui échapper. Elle prend une gorgée de son café à son tour. — Vivement le printemps, y’a pas de grippe au printemps, hein ?

Peu importe le regard des gens, il n’y a que quatre personnes qui ont le droit de me juger sur cette terre : Reese, Hannah, Matthew et Max. Il n’y en a que deux qui ont le pouvoir absolu pour me juger : Reese et Max. Et il n’y en a qu’une qui a le pouvoir absolu de me juger en toute objectivité : Max. Ses excuses me faisaient bizarres. Elle n’a rien fait en dehors de son rôle de meilleure amie. Mais le fait qu’elle accepte les miennes aussi facilement me perturbais. D’habitude il y avait toujours une condition. Du style : un pardon mais tu ne recommence pas, hein ?! Là ? Non. Est-elle malade ? J’avais envie de palper son front pour prendre sa température mais ce serait mal venu. Surtout que ça rimerait avec un écrasage de café en pleine tête, vu l’état encombré de mes mains.

Quelques minutes plus tard, je me retrouve collé à Max sur son canapé, à expliquer ce qui va ou ne va pas. Surtout ce qui ne va pas en fait. Pourtant ce baiser reste un agréable souvenir. Même cette commotion, mais le fait qu’elle ne soit pas venu à la soirée au bar m’a… déstabilisé. Elle s’excuse encore une fois. « Cesse d’être désolé… » D’autant plus que Max dit vrai dans la suite de son discours. Je porte mon regard vers mon gobelet écoutant chacun de ses propos, ses analyses et sa conclusion. Si elle n’a pas d’avis sur Hannah en elle-même, elle en a un sur la situation. Et ce que j’en retiens reste que les sentiments ne font pas tout, elle peut me retirer mon fils pour de bon. « J’en suis arrivé au même point que toi. Mais… C’est Hannah… Je veux dire la seule femme que je n’ai jamais connu et la seule pour qui j’ai eu des sentiments aussi fort… »

Elle enchaîne sur mon frère. Lui laisser le temps de revenir ? Mais je ne veux pas non plus que ça soit comme avant : le même frère envahissant qui m’empêche d’avoir ma propre vie et parasite mon couple avec Hannah. Enfin couple… Je me suis compris ! « C’est bien ça qui m’inquiète. Il va revenir mais je ne veux pas qu’il redevienne aussi envahissant. Je veux qui apprenne à vivre pleinement sa vie par lui-même. Je ne suis là que quand il va mal et qu’il faut aller le rechercher à l’hôpital ou au commissariat… Et il squatte pendant plusieurs mois, m’empêchant littéralement de vivre. J’aimerai qu’il revienne en tant que frère, avec ses propres projets. Je pense qu’il a grandement besoin de rencontrer quelqu’un… » Et on en revient au reproche originel.

Quand je lui disais de ne pas s’excuser, qu’elle avait raison, je ne mentais pas. Tout ça n’est pas une raison pour boire. Je le savais moi-même. Et je suis même d’accord. Mais elle me largue des infos sur elle assez inquiétant. « Oula. Doucement Max. D’abord ce que j’ai ressenti en buvant de nouveau ne m’a pas plus. Je suis bien content d’avoir arrêté. Même s’il ne m’a fallu que très peu de verre pour être ivre genre… Deux… je n’ai pas aimé. Mais ensuite… Toi… Comment ça tu ne dors plus ? Tu sais que ce n’est pas bon, hein ? » Mais elle explique la raison : boulot métro et peu de temps pour le dodo. On dirait que c’est de tous les flics en ce moment. En tout cas, ceux que je connais. Ajoutons à ça une solitude et je retrouve ma Max dans des états… Mais tout c’est dû à cette grippe. Noté !

« Et il ne t’es pas venu à l’idée de m’appeler aussi pour me dire que tu as pas le temps de souffler et que tu te sens seule ? Max… Tu sais quand même que dans mon appartement j’ai une chambre vide, maintenant, non ? Matthew vit je ne sais où. Tu peux crécher chez moi quand tu n’as pas envie de te retrouver seule. Tu le sais ça, hein ? Mais genre… Ce n’est pas par politesse, que je propose ça, c’est sincère ! » Je plante mon regard dans le sien pour qu’elle comprenne mon sérieux. Fallait pas compter sur moi pour la laisser dans cette routine. Je savais cuisiner. En tout cas, j’avais appris à faire des pâtes sans foutre le feu à la maison. Et j’avais cumulé les cartes de restauration rapide qui livrent à domicile. Autrement dit, je savais composer leurs numéros. Je pourrai prendre soin d’elle le temps que sa colocataire revienne. Ça la déchargera de bien des tâches ménagères et lui libérerai du temps libre. J’ai toujours aimé m’occuper de quelqu’un. Quand ce n’était pas Hannah lorsque nous étions en couple, c’était Matthew. Alors pour une fois, autant le faire pour la seule personne qui ne m’a jamais abandonné. « Si tu veux, je pourrai même te prêter mon chat Motul, pour t’accompagner dans ton sommeil. Mais il ronfle. Plus que moi. C’est étonnant venant d’un chat, hein ? » Je lui souriais en coin et voyait sur ses traits qu’elle ne mentait clairement pas pour la fatigue. Je passe mon bras autour de son cou et la rapproche de moi pour lui offrir un câlin dont j’étais l’expert. Ça faisait bien trop longtemps que je n’en avais pas eu un. Et elle aussi, si je ne m’abuse. C’est exactement la thérapie qu’il nous faut à tous les deux.

All apologies

Tyler & Max

Elle pinça doucement les lèvres. Que pouvait-elle lui répondre ? Si Hannah était l’amour de sa vie, que pouvait-elle ajouter. Si Cole était encore de ce monde elle aurait tout tenté pour eux. Quelle hypocrite de lui dire de laisser tomber. La vie était tellement courte mais en même temps il ne s’agissait pas que de lui et d’Hannah. Et c’était bien ça le problème. Ca avait déjà été compliqué pour lui de revoir son fils, s’il s’embarquait à nouveau sur chemin-là… Max ne préférait pas y penser. — Je te dis juste de te méfier. N'agit pas trop vite, ne saute pas des étapes ou tu vas te brûler les ailes. Encore une fois avait eu envie d’ajouter la policière mais cette réflexion elle la garda pour elle. La jeune femme n’était pas du genre à porter de jugement sur son ami. Elle lui souhaitait simplement le meilleur, dans tous les domaines et était là pour le soutenir quand ça allait mal. Ca avait toujours été ainsi, elle n’avait jamais tourné le dos à Tyler et ça n’arriverait pas de sitôt.

Pour son frère c’était la même chose : elle ne savait pas trop quoi lui dire. Matthew était spécial. Lunatique surtout. Ce n’était pas rare qu’il disparaisse pendant des semaines pour ensuite envahir la vie et l’espace de son aîné. Ce n’était pas un mauvais bougre mais il avait quelques démons et un passif assez compliqué. C’était d’ailleurs par sa faute - en partie - que le couple avait fini par se séparer et la brune ne pouvait que comprendre Tyler quand il souhaitait que son frère trouve une bonne fois pour toute son indépendance. Pinçant toujours plus les lèvres, Max n’avait rien à ajouter. En réalité, elle ne savait pas non plus quoi dire. Elle tâchait toujours de donner le plus sincèrement son avis mais cette fois c’était le vide dans sa tête. La fatigue de ces dernières semaines en était probablement la cause. Néanmoins elle n’en perdit pas le nord et maintenant le problème de Tyler découvert, elle voulait tout de même s’assurer que son comportement ne se reproduira pas.

Par chance pour lui, il lui avoue ne pas avoir aimé boire. Les prunelles de la policière observèrent en détail le visage de son amie et elle su qu’il ne mentait pas. Il n’en avait pas intérêt de toute façon ! Légèrement rassurée, elle sentit un point s'ôter de sa poitrine : c’était déjà ça en moins à se soucier. Elle soupira en tomba en arrière dans son canapé. Non ce n’était pas bon, elle le savait bien mais sa tête était remplie de chose qu’elle n’arrivait pas à se défaire. Des visions, des craintes et angoisses… tout un tas de choses qui l’empêchait de fermer l’oeil sereinement. Touchée, elle pose sa main sur le bras de son amie. L’idée en est presque tentante. — Je sais, je sais. Mais… la plupart du temps je rentre aux aurores pour repartir quelques heures plus tard à peine. Ou alors je passe juste pour prendre une douche et des fringues propres… C’est des allers-retours incessants, je suis pas sûre que ça soit une bonne idée. Ca va te caler sur mon rythme de fou et je ne veux pas t’inquiéter. Si c’était pour qu’il l’attende chaque soir sans la voir rentrer et qu’il se mette à s’inquiéter en comprenant le vrai bordel qui se déroule en ville, ce n’était pas la peine !

Un rire franc s’échappe des lèvres de la jeune femme quand il parle de son chat. — Tu as un chat qui ronfle ? Et plus fort que toi ? C’est possible ça ?, plaisanta-t-elle avec un petit sourire. Quand il amorce un mouvement, la brune vient instinctivement, ou par habitude, se loger dans ses bras. Ce n’était pas quelque chose qu’ils leur arrivaient souvent, mais c’était toujours un geste réconfortant. Du moins pour Max. Elle serra son meilleur ami dans ses bras, la gorge serrée car la vérité c’était qu’elle avait peur. Elle était à bout et que rien ne semblait s’arranger. Bien sûre, elle prenait soin de n’alarmer personne, surtout pas son père et ses proches. Mais la situation commençait à vraiment être ingérable .Que ça soit en ville, physiquement ou émotionnellement. Retenant une fois de plus toutes ses émotions certainement causées par son manque de sommeil, elle inspira le plus silencieusement possible. Malgré tout, cette étreinte lui faisait réellement du bien. La présence de Tyler était pile ce qu’il lui fallait. — Merci d’être venue. , souffla-t-elle tandis qu’elle était toujours contre lui. — Ca me fait plaisir de te voir.

Même si ça me tue de l’admettre, Max a raison, je dois faire les choses dans le bon ordre. S’il doit se passer à nouveau un truc entre Hannah et moi, ça ne sera pas sous le coup d’une opportunité. Si c’est sincère, notre amour reviendra naturellement et ne pourra plus être caché. Le temps sait faire les choses que nous ne pouvons accomplir par nous-même. J’accepte son commentaire sans rechigner. De toute façon, elle a bien plus de recul que moi sur cette affaire, et si elle ne connaît pas tout dans le moindre détail, elle en connaît les grandes lignes. Je ne peux strictement rien lui cacher. « Je tâcherai de faire attention, Max, je te le promets. Et puis… Je compte bien sur toi pour ne jamais être trop loin. C’est peut-être vache de me reposer sur toi de la sorte, mais déjà que sans Hannah, mon fils, mon frère et Reese je ne suis qu’à un quart moi-même, sans toi, je ne suis qu’une ombre.» Vient ma proposition qu’elle vienne vivre chez moi. Elle est sur le point de la rejeter, en se lapidant elle-même, malgré une tentative de me faire rire avec mon chat. Je ne veux même pas relever ce pic sur mes ronflements. Je me contente de sourire en levant les yeux vers le plafond, un air faussement exaspéré. « Eh! Tu crois que je ne le sais pas tout ça? Et tu crois que c’était comment de vivre avec Matthew ? Je sais que c’est idiot, mais tu as toujours eu une certaine emprise sur lui. Il joue moins au con quand t’es là. Et puis toi au moins, je sais que si tu ne rentres pas du tout, c’est pour une bonne raison et je sais que je dois m’inquiéter ! Matthew, lui… Enfin bref ! On n’est pas là pour lui. Ça me ferait très plaisir que tu viennes chez moi. La porte est grande ouverte. Et si je ne suis pas un fin cuisinier, ni un bon homme de ménage ou repasseur, au moins j’essaye et ça sera toujours ça en moins à te soucier, Max. Même si ce n’est que pour quelques jours. La porte te sera toujours ouverte. Et je pense que ça rassurera Hannah de savoir que tu n’es pas trop loin. Au moins toi, tu as une bonne influence sur moi ! »

Mon laïus finit, j’amorce une accolade comme je les aime. Je la serre pareillement qu’elle. Je peux sentir que ce n’est pas la joie de son côté. Elle est épuisée comme jamais. Lorsqu’elle me remercie d’être venue, je me dois de clarifier la situation. « Ne me remercie pas pour ça. Engueule-moi de ne pas le faire assez souvent plutôt. Tu me manques continuellement, Max. Tu es vraiment la meilleure de toutes les meilleures. » Je dépose un baiser sur son front, comme pour lui accorder ma protection et ma bienveillance. Je ne sais pas grand-chose de son rythme actuel. Je ne peux qu’en constater les dégâts causés sur son visage et son manque de vitalité. Lui éviter tout mon stress est d’en rajouter avec la fameuse soirée, c’est pour l’instant la seule chose que je puisse faire, mais j’aimerai en faire plus. Je ne veux pas être trop envahissant, mais c’est mon rôle de meilleur ami, d’être un peu trop présent dans sa vie pour son bien, non ? « Tu sais, je crois que tu devrais vraiment prendre au sérieux ma proposition, Max. Tu en as besoin. Et tu sais que ça ne me dérangera absolument pas. Je suis capable de te supporter en toutes circonstances. Tant que tu ne me ramène pas ton coéquipier… par contre sa caisse, je la veux bien ! »

All apologies

Tyler & Max

Elle lui jette un regard mauvais, histoire de le réprimander sans un mot. Elle n’aimait pas les mots qui sortaient de sa bouche. Encore moins ceux-là qui étaient déprimants au possible. — Arrête de dire ça. Tu es toi-même complet tout le temps ! Pour la brune, on n’était pas défini par les personnes qui occupaient nos vies. Sinon, cela ferait des années qu’elle ne serait presque plus rien. Et elle n’avait pas envie de penser comme cela. — Et ne t’en fais pas, je ne serais jamais trop loin. Il faisait partie de la famille après tout. Il bossait avec son père et elle le connaissait depuis des années. Son père l’aimait bien et il n’était pas rare qu’il soit invité à leur traditionnel repas de famille du vendredi soir. Ne plus voir Tyler ? Ca sonnait bien trop étrange ! C’est d’ailleurs pour cette raison qu’il l’invite presque immédiatement à venir chez lui le temps de quelques jours, ou plus.En soi ce n’est pas forcément une mauvaise idée, mais avec ses rondes incessantes, elle a déjà l’impression de ne plus vivre chez elle. Le pire, c’est surtout qu’elle a peur de déborder sur sa vie. D’envahir son intimité et de le déranger à toute heure du jour ou de la nuit. Elle se connaît, après une journée difficile elle a souvent besoin de vider son sac et son esprit .Généralement elle se colle devant une série avec sa coloc’ même s’il est 4h du mat. Elle comprend bien plus facilement les aléas du métier.

Un sourire se dessine sur les lèvres de la policière. — Ca doit être mon charme naturel qui le calme, elle réplique en souriant de plus belle. La vérité c’était qu’il avait raison. Matthew avait toujours du mal à s’emporter ou à faire des conneries quand elle n’était pas très loin. Elle ignorait bien pourquoi, car ce n’était pas son statut de force de l’ordre qui refréner le frangin de Tyler. C’était certainement pas ça. Le reste elle l’écoute en silence. Elle sait bien qu’il dit vrai, sauf qu’elle aurait trop peur de l’inquiéter. Ou de lui donner une source d’inquiétudes supplémentaire. Comme s’il n’avait pas assez à gérer entre son ex-femme qui semblait avoir encore des sentiments pour lui, la garde de son fils et son frère plutôt outsider et ayant le don de se foutre dans des emmerdes pas possible. Elle se laisse cajoler par son amie même si sa gorge se serre. Elle aimerait tellement que la situation s’apaise. Que tout ce calme, autant dans la ville que dans le monde mais ça semblait mal partie. La brune avait constamment peur pour ses proches et elle craignait une mauvaise nouvelle à tout moment. Pourtant, elle n’aurait pas la force de revivre une telle situation. Avec Cole ça avait été bien trop dur… Trop douloureux. Hors de question qu’elle perde une autre personne de sa famille.

Incapable de répondre à cause de la boule dans sa gorge elle se contente de nier en secouant la tête. Elle n’était pas la meilleure des meilleures. Elle serait toujours là pour lui, mais pour le reste elle était complètement dépassée. Papillonnant rapidement des yeux lorsqu’il dépose un baiser réconfortant sur son front, elle se détache brièvement pour attraper son café et en boire quelque gorger pour essayer de se calmer. Elle en profite pour croquer dans l’un des donuts. Elle avait besoin d’énergie et donc de sucre. Lorsqu'il évoque Shawn elle ne peut s’empêcher de lever les yeux au ciel. — Non mais sérieusement, c’est quoi ton problème avec lui ? Il est un peu lourd parfois mais c’est un mec bien franchement ! Lancer le sujet du coéquipier était l’une des meilleures diversions. Max ignorait pourquoi mais Tyler n’avait jamais vraiment peu le sentir et le blairer. Le moins elle parlait de lui, le mieux c’était. Cependant elle voulait tout de même lui répondre sur sa proposition vu qu’il avait insisté une fois de plus. — Je sais que ça part d’un bon sentiment, mais c’est pas vraiment par peur de te déranger que je préfère refuser. Je sais jamais si je rentre avec le virus sur moi, mes fringues. Si je l’attrape, ou pas… mais que je le transmets à quelqu’un de mon entourage parce que moi j’ai pu y être exposé… ça me rendrait dingue. Vraiment. Après la mort de.. , elle s’arrête alors de parler. Prononcer le prénom de son défunt mari est toujours une chose difficile, même après toutes ces années. — Je supporterais pas de te perdre, ou mon père. Je pourrais pas... Elle passa ses mains sur son visage. Non. L’exposer au danger n’était certainement pas dans ses plans. Elle ne le supporterait pas.

On dirait bien que je vais passer un sale quart d’heure au vu du regard de Max. Fort heureusement, elle se contente d’une réflexion. Je baisse un peu plus le regard que je ne relève que lorsqu’elle m’assure ne jamais être trop loin. Un poids se lève de mon cœur. J’esquisse même un rire lorsqu’elle me parle de charme naturel en rapport avec Matthew. « Ouaip. Ça doit être ça… » Dis-je en riant. Soudainement mon sourire s’efface. « Merde non! J’espère que ce n’est pas ça ! Imagine qu’il soit amoureux de toi ! Mon Dieu ! C’est… C’est dégoûtant ! Je veux dire.. Pas toi mais… la situation ! » Une grimace apparaît sur mon visage. Je tente de m’effacer les images de ma tête.

Je n’y serai pas parvenu sans une accolade de sa part. Lorsque je lui annonce qu’elle est la meilleure de toutes, elle nie et refuse ma proposition de vivre chez moi après avoir défendu son collègue. « Ok. Tu dois être la seule de cette ville à ne pas voir que Shawn est complétement pourrie comme gars. Mais c’est sans doute pour ça que tu ne vois pas que je suis tout pourri comme meilleur ami. » Je l’écoute attentivement lorsqu’elle commence à développer le fait qu’elle ne veuille pas vivre chez moi. Je baisse la tête. Elle a morflé. Bien plus que quiconque. Je resserre mon étreinte quand je la sens en difficulté et dépose un baiser sur sa tempe. « T’en fais pas. Ce n’est pas un rhume qui va me terrasser. Je suis du genre immunisé par ma propre crasse. Je te jure ! Regarde ! » Je montre fièrement ma main encore incrustée du noir d’huile de moteur. J’ai beau frotter, ça ne part jamais. Cette tactique vise surtout à lui rendre le sourire ne serait-ce que deux secondes.

Mais mon vieux téléphone se met à sonner. Je sursaute et regarde le numéro. Il est inconnu mais a l’air de venir du coin. « Je reviens… » lui dis-je en fronçant mes sourcils. Je m’éloigne quelques instants pour aller discuter. Je suppose qu’elle n’a pu entendre qu’une bride d’information. « C’est moi-même…. Qu’a-t-il encore fait ?... Quoi ?! Comment ça ?! Attendez j’arrive ! … JE VOUS DIS QUE J’ARRIVE ! » Ma voix s’était mise à trembler tant l’inquiétude montait. Je regagne le salon. J’ai dû mal a réaliser ce qu’on vient de me dire. Tout autour de moi me semble irréel. Je regarde Max, ne sachant quoi lui dire. « Il faut… Il faut que j’y aille… Je… » J’attrape mes affaires machinalement. « J’ai un truc à régler.. Faut… » Je ne comprends pas comment un rhume peut faire ça.

Elle n’a pas l’air d’accord de me laisser partir aussi vite et dans cet état, mais elle a l’air d’autant comprendre la situation que moi.

Contenu sponsorisé